« Pistachier (Pistacia vera) par Joseph » : différence entre les versions

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Je vais tout d’abord me présenter rapidement. Mes parents étant arboriculteurs, j’ai grandi dans les champs d’abricotiers et d’oliviers. La ferme familiale se situe dans les collines de haute Provence, entre le mont Ventoux et le Vercors là où l’on peut trouver les derniers espaces de végétation méditerranéenne, entre les Alpes à l’Est et le Rhône à l’ouest. (c’est là que l’expérience que je vous rapporte a été conduite)
Je vais tout d’abord me présenter rapidement. Mes parents étant arboriculteurs, j’ai grandi dans les champs d’abricotiers et d’oliviers. La ferme familiale se situe dans les collines de haute Provence, entre le mont Ventoux et le Vercors là où l’on peut trouver les derniers espaces de végétation méditerranéenne, entre les Alpes à l’Est et le Rhône à l’ouest. (c’est là que l’expérience que je vous rapporte a été conduite)


J’ai donc depuis mon enfance appris à greffer des abricotiers, tailler certains fruitiers, installer un
J’ai donc depuis mon enfance appris à greffer des abricotiers, tailler certains fruitiers, installer un verger, etc. . .


verger, etc. . .
A l’adolescence, ne me destinant pas à entamer une carrière de paysan, j’ai passé un CAP de ferronnier d’art au lycée des métiers d’art à Uzès. J’ai pratiqué ce métier durant 7 ans avant de revenir travailler avec mes parents car la terre me manquait. Retour à la terre marqué par le projet obsédant de produire des pistaches.


A l’adolescence, ne me destinant pas à entamer une carrière de paysan, j’ai passé un CAP de
==== - Pourquoi le pistachier ? ====
Cette envie de faire pousser des pistachiers est devenue une obsession en 2017, année durant laquelle j’ai du passer un diplôme agricole (BPREA). J’ai donc eu durant cette année tout le temps pour accumuler diverses connaissances théoriques sur le pistachier. Mais avant ça, l’idée du pistachier s’était immiscée dans ma tête bien des années plus tôt. En 2006 alors que je passais mon CAP à Uzes. Un ami (Michou) m’a un jour montré un arbre dans la garrigue abordant la ville.


ferronnier d’art au lycée des métiers d’art à Uzès. J’ai pratiqué ce métier durant 7 ans avant de
- ``Tu vois cet arbre ? Je le trouve amusant et très intéressant, Il s’agit d’un pistachier térébinthe, peu de gens savent qu’il y a des pistachiers sauvages qui poussent de manière endémique en Provence. Et pourtant il y en a presque partout. Et regarde, les fruits sont de vraies pistaches mais tellement petites qu’il est impossible de les ouvrir sans tout écraser. C’est dommage, je mangerais bien des pistaches ramassées dans la garrigue . . .’’


revenir travailler avec mes parents car la terre me manquait. Retour à la terre marqué par le projet
Ayant à l’époque quelques connaissances et un peu de pratique sur la greffe des fruitiers, le fait d’apprendre l’existence d’un pistachier sauvage en Provence me laissait envisager qu’il pourrait être possible de s’en servir de porte greffe pour essayer de produire de vraies pistaches en France.


obsédant de produire des pistaches.
Cette idée est restée en dormance dans un coin de mon esprit n’attendant qu’un petit peu de terre pour germer et se développer.


-Pourquoi le pistachier ?
==== - Situation et conditions de l’expérience menée : ====
Il faut considérer que les observations que je retranscris ici ont été menées sur un seul cycle de production (de la graine jusqu’au plant de pistachier vrai) entre septembre 2018 et septembre 2023.


Cette envie de faire pousser des pistachiers est devenue une obsession en 2017, année durant
Le lieu où tout cela a été conduit est la ferme familiale, dans le sud du département de la Drôme. Le climat y est de type méditerranéen avec des influences alpines, les étés y sont chauds : 50°C au soleil pour les maximum. Et les hivers marqués par des températures basses et des gels fréquents : une dizaine de degrés en journée et nuits entre 0°C et -7°C.


laquelle j’ai du passer un diplôme agricole (BPREA). J’ai donc eu durant cette année tout le temps
La pluviométrie annuelle est assez basse avec des périodes de sécheresse entre juin et septembre. La nature du sol est globalement : coteaux argilo-calcaire, pauvre et à forte proportion pierreuse. La végétation environnante et essentiellement méditerranéenne, pinède et garrigue.


pour accumuler diverses connaissances théoriques sur le pistachier.
=== 2. Généralités sur le pistachier vrai ===
Avant de vouloir le multiplier et le cultiver, je pense qu’il est important de connaître quelque peu l’arbre en question.


Mais avant ça, l’idée du pistachier s’était immiscée dans ma tête bien des années plus tôt. En 2006
Je ne traiterai pas ici des grandes notions de botanique sur les pistachiers car vous trouverez l’information complète sur Wikipédia ou autre encyclopédie,


alors que je passais mon CAP à Uzes. Un ami (Michou) m’a un jour montré un arbre dans la
Pour parler concrètement du pistachier vrai, il faut retenir ces quelques aspects généraux :


garrigue abordant la ville.
* C’est un arbre pouvant atteindre 7 à 10 mètres de haut dans les conditions les plus favorables mais


- ``Tu vois cet arbre ? Je le trouve amusant et très intéressant, Il s’agit d’un pistachier térébinthe,
* ne dépasse généralement pas les 5 mètres de hauteur.


peu de gens savent qu’il y a des pistachiers sauvages qui poussent de manière endémique en
* Il affectionne les sols drainants, calcaires à neutres et pas trop riches


Provence. Et pourtant il y en a presque partout. Et regarde, les fruits sont de vraies pistaches mais
* Il aime les expositions très ensoleillées


tellement petites qu’il est impossible de les ouvrir sans tout écraser. C’est dommage, je mangerais
* Sa résistance au froid se situe entre -12 et -15°c


bien des pistaches ramassées dans la garrigue . . .’’
* Il a besoin d’hivers froids, d’étés chauds et n’apprécie guère l’humidité ambiante pour s’épanouir correctement.


Ayant à l’époque quelques connaissances et un peu de pratique sur la greffe des fruitiers, le fait
* Ses feuilles larges et épaisses sont caduques.


d’apprendre l’existence d’un pistachier sauvage en Provence me laissait envisager qu’il pourrait être
* Bien que feuillu, c’est un résineux.


possible de s’en servir de porte greffe pour essayer de produire de vraies pistaches en france.
* Sa floraison qui a lieu entre avril et mai est anémophile, il n’est donc pas mellifère


Cette idée est restée en dormance dans un coin de mon esprit n’attendant qu’un petit peu de terre
* Sa reproduction est dioïque, il vous faudra donc au moins un plant mâle et un plant femelle pour avoir des pistaches, En condition de culture en plein champ on compte généralement un plant mâle pour 8 plants femelles. ( le plant mâle ne portera jamais de fruits) Il est important d’associer des plants mâles et femelles dont les floraisons on lieu au même moment.


pour germer et se développer.
===== Ci dessous, à gauche : floraison d’un plant femelle et à droite : floraison d’un plant mâle =====


- Situation et conditions de l’expérience menée :
=== 3. Le porte greffe ===
Comme je l’ai dit plus haut, c’est en découvrant le pistachier térébinthe que m’est venue l’idée de faire pousser des pistachiers vrais. C’est donc tout naturellement que je l’ai choisi comme porte greffe. Il est endémique en Provence, il pousse dans les zones très caillouteuses et résiste très bien au gel. Tels étaient les observations simples que je pouvais faire par moi même autour de chez moi.


Il faut considérer que les observations que je retranscris ici ont été menées sur un seul cycle de
La littérature m’a appris qu’il a fait parti pendant très longtemps des principaux porte-greffe utilisés pour la culture du pistachier. Aujourd’hui détrôné par un hybride américain, le UCB1, il reste tout de même toujours très utilisé. J’ai aussi appris que sa résistance au gel pouvait atteindre les -20°C.


production (de la graine jusqu’au plant de pistachier vrai) entre septembre 2018 et septembre 2023.
Pour la production de mes plants de pistachiers, mon expérience commence donc en septembre 2018 par une cueillette de graines de pistachiers térébinthes. Les fruits récoltés doivent être dans la majorité des cas ceux de couleur,,, quelle est cette couleur ????? Voir photo ci dessous.


Le lieu où tout cela a été conduit est la ferme familiale, dans le sud du département de la Drôme.Le
Bref, disons que les rouges sont vides et les autres « turquoises » sont pleines. Il n’est donc pas utile de récolter les rouges. Toutefois dans certaines zones, les baies sont toutes rouges et aléatoirement pleines ou vides, il faut alors les mettre dans de l’eau et ne garder que celles qui coulent.  


climat y est de type méditerranéen avec des influences alpines, les étés y sont chauds : 50°C au
Ensuite les baies doivent être débarrassées de leur pulpe. Pour ce faire il suffit lorsqu’elles sont encore fraîches, de les mettre dans un seau que l’on peut fermer d’un couvercle, d’y ajouter quelques petits cailloux anguleux et un peu d’eau. Refermer le seau et secouer quelques minutes. Récupérer les graines puis les rincer et faire sécher avant de stocker dans un endroit sec et à l’abri des mites.


soleil pour les maximum. Et les hivers marqués par des températures basses et des gels fréquents :
En décembre il faut les mettre en stratification froide : Dans un pot (percé dans le fond) mettre une bonne épaisseur de sable humide puis les graines mélangées à du sable et recouvrir d’environ 5cm de sable. Laisser la strate dehors, éviter une exposition au soleil direct et maintenir humide.


une dizaine de degrés en journée et nuits entre 0°C et -7°C.
Vers la mi-mars, récupérer les graines à l’aide d’un tamis. Les graines ouvertes sont prêtes à germer. C’est donc celles ci qu’il faudra semer.


La pluviométrie annuelle est assez basse avec des périodes de sécheresse entre juin et septembre.
Pour mon cas, fin mars 2019, j’ai semé mes graines dans des pots antichignons remplis avec de la terre du champ.
 
La nature du sol est globalement : coteaux argilo-calcaire, pauvre et à forte proportion pierreuse.
 
La végétation environnante et essentiellement méditerranéenne, pinède et garrigue.
 
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2.
 
Généralités sur le pistachier vrai
 
Avant de vouloir le multiplier et le cultiver, je pense qu’il est important de connaître quelque peu
 
l’arbre en question.
 
Je ne traiterai pas ici des grandes notions de botanique sur les pistachiers car vous trouverez
 
l’information complète sur Wikipédia ou autre encyclopédie,
 
Pour parler concrètement du pistachier vrai, il faut retenir ces quelques aspects généraux :
 
C’est un arbre pouvant atteindre 7 à 10 mètres de haut dans les conditions les plus favorables mais
 
ne dépasse généralement pas les 5 mètres de hauteur.
 
Il affectionne les sols drainants, calcaires à neutres et pas trop riches
 
Il aime les expositions très ensoleillées
 
Sa résistance au froid se situe entre -12 et -15°c
 
Il a besoin d’hivers froids, d’étés chauds et n’apprécie guère l’humidité ambiante pour s’épanouir
 
correctement.
 
Ses feuilles larges et épaisses sont caduques.
 
Bien que feuillu, c’est un résineux.
 
Sa floraison qui a lieu entre avril et mai est anémophile, il n’est donc pas mellifère
 
Sa reproduction est dioïque, il vous faudra donc au moins un plant mâle et un plant femelle pour
 
avoir des pistaches, En condition de culture en plein champ on compte généralement un plant mâle
 
pour 8 plants femelles. ( le plant mâle ne portera jamais de fruits)
 
Il est important d’associer des plants mâles et femelles dont les floraisons on lieu au même moment.
 
Ci dessous, à gauche : floraison d’un plant femelle et à droite : floraison d’un plant mâle
 
3.
 
Le porte greffe
 
Comme je l’ai dit plus haut, c’est en découvrant le pistachier térébinthe que m’est venue l’idée de
 
faire pousser des pistachiers vrais. C’est donc tout naturellement que je l’ai choisi comme porte
 
greffe. Il est endémique en Provence, il pousse dans les zones très caillouteuses et résiste très bien
 
au gel. Tels étaient les observations simples que je pouvais faire par moi même autour de chez moi.
 
La littérature m’a appris qu’il a fait parti pendant très longtemps des principaux porte-greffe utilisés
 
pour la culture du pistachier. Aujourd’hui détrôné par un hybride américain, le UCB1, il reste tout
 
de même toujours très utilisé. J’ai aussi appris que sa résistance au gel pouvait atteindre les -20°C.
 
Pour la production de mes plants de pistachiers, mon expérience commence donc en septembre
 
2018 par une cueillette de graines de pistachiers térébinthes. Les fruits récoltés doivent être dans la
 
majorité des cas ceux de couleur,,, quelle est cette couleur ????? Voir photo ci dessous.
 
Bref, disons que les rouges sont vides et les autres
 
« turquoises » sont pleines. Il n’est donc pas utile de
 
récolter les rouges.
 
Toutefois dans certaines zones, les baies sont toutes
 
rouges et aléatoirement pleines ou vides, il faut alors les
 
mettre dans de l’eau et ne garder que celles qui coulent.
 
Ensuite les baies doivent être débarrassées de leur pulpe.
 
Pour ce faire il suffit lorsqu’elles sont encore fraîches, de
 
les mettre dans un seau que l’on peut fermer d’un
 
couvercle, d’y ajouter quelques petits cailloux anguleux
 
et un peu d’eau. Refermer le seau et secouer quelques
 
minutes. Récupérer les graines puis les rincer et faire
 
sécher avant de stocker dans un endroit sec et à l’abri des
 
mites.
 
En décembre il faut les mettre en stratification froide : Dans un pot (percé dans le fond) mettre une
 
bonne épaisseur de sable humide puis les graines mélangées à du sable et recouvrir d’environ 5cm
 
de sable. Laisser la strate dehors, éviter une exposition au soleil direct et maintenir humide.
 
Vers la mi-mars, récupérer les graines à l’aide d’un tamis
 
Les graines ouvertes sont
 
prêtes à germer. C’est donc
 
celles ci qu’il faudra semer.
 
Pour mon cas, fin mars 2019, j’ai semé mes graines dans des pots antichignons remplis avec de la
 
terre du champ.


Le taux de levée a été d’environ 85 %.
Le taux de levée a été d’environ 85 %.


Un mois après la levée j’y ai apporté quelques granulés d’engrais organique puis des arrosages
Un mois après la levée j’y ai apporté quelques granulés d’engrais organique puis des arrosages hebdomadaires en période sèche.


hebdomadaires en période sèche.
Au printemps 2020 j’y ai fait un deuxième apport d’engrais organique à dose légèrement supérieure à la première année. Toujours arrosés de manière quasi hebdomadaire durant l’été.


Au printemps 2020 j’y ai fait un deuxième apport d’engrais organique à dose légèrement supérieure
Il est utile de préciser que durant les années de croissance, j’ai régulièrement supprimé toutes les pousses latérales pour n’avoir qu’une tige droite.


à la première année. Toujours arrosés de manière quasi hebdomadaire durant l’été.
En janvier 2021 les plants de térébinthe ont étés plantés en plein champ. (dans le même temps j’ai planté 100 plants greffés achetés à un pépiniériste sicilien)


Il est utile de préciser que durant les années de croissance, j’ai régulièrement supprimé toutes les
Le champ avait au préalable été décompacté et amendé en fumier composté à l’automne. Les trous de plantation réalisés à la bèche-fourche ne sont pas très gros, ils permettent de contenir la motte racinaire et de combler légèrement autour avec de la terre la plus légère trouvée sur place.


pousses latérales pour n’avoir qu’une tige droite.
Une poignée d’engrais à la plantation et plus aucun apport ni en eau ni en engrais durant un an. Les seules actions menées durant cette première année en pleine terre auront été la taille des pousses latérales et le binage du pied accompagné d’un léger griffage du sol pour contenir l’enherbement sur l’inter-rang


En janvier 2021 les plants de térébinthe ont étés plantés en plein champ.
Note : l’été 2021 ici a débuté avec une sécheresse très précoce. J’ai malgré tout persisté à ne pas arroser mes plants, ces derniers ont rapidement stoppé leur croissance mais je n’en ai perdu aucun.
 
(dans le même temps j’ai planté 100 plants greffés achetés à un pépiniériste sicilien)
 
Le champ avait au préalable été décompacté et amendé en fumier composté à l’automne.
 
Les trous de plantation réalisés à la bèche-fourche ne sont pas très gros, ils permettent de contenir la
 
motte racinaire et de combler légèrement autour avec de la terre la plus légère trouvée sur place.
 
Une poignée d’engrais à la plantation et plus aucun apport ni en eau ni en engrais durant un an. Les
 
seules actions menées durant cette première année en pleine terre auront été la taille des pousses
 
latérales et le binage du pied accompagné d’un léger griffage du sol pour contenir l’enherbement
 
sur l’inter-rang
 
Note : l’été 2021 ici a débuté avec une sécheresse très précoce. J’ai malgré tout persisté à ne pas
 
arroser mes plants, ces derniers ont rapidement stoppé leur croissance mais je n’en ai perdu aucun.


Plant de pistachier térébinthe septembre 2021
Plant de pistachier térébinthe septembre 2021


En 2022 encore une poignée d’engrais organique au début du printemps, binage du pied, griffage de
En 2022 encore une poignée d’engrais organique au début du printemps, binage du pied, griffage de la parcelle et taille des pousses latérales.
 
la parcelle et taille des pousses latérales.
 
Mes porte-greffe sont enfin prêts à recevoir leur greffon fin juin 2022. Soit un diamètre de la pousse
 
de l’année égal ou supérieur à 8mm à la fin du mois de juin.
 
4.
 
- Préparation de pieds mères
 
En parallèle de la récolte et de la stratification des semences, dans le courant de l’hiver 2018-2019
 
j’ai recépé ( tronçonné à ras terre) des pistachiers térébinthes sauvages dans la colline avoisinante.


Au printemps 2019, lors de la reprise de végétation j’ai régulièrement retiré une bonne partie des
Mes porte-greffe sont enfin prêts à recevoir leur greffon fin juin 2022. Soit un diamètre de la pousse de l’année égal ou supérieur à 8mm à la fin du mois de juin.


rejets des souches de térébinthes pour n’en garder que 4 ou 5 (les plus vigoureux) par souche.
=== 4. Préparation de pieds mères ===
En parallèle de la récolte et de la stratification des semences, dans le courant de l’hiver 2018-2019 j’ai recépé ( tronçonné à ras terre) des pistachiers térébinthes sauvages dans la colline avoisinante.


Dès la fin du mois de juin 2019 les rejets ont été greffables. J’ai donc procédé à des greffes en
Au printemps 2019, lors de la reprise de végétation j’ai régulièrement retiré une bonne partie des rejets des souches de térébinthes pour n’en garder que 4 ou 5 (les plus vigoureux) par souche.


écusson sur ces rejets aux alentours du 20 juin. Le taux de réussite des greffes a été très satisfaisant
Dès la fin du mois de juin 2019 les rejets ont été greffables. J’ai donc procédé à des greffes en écusson sur ces rejets aux alentours du 20 juin. Le taux de réussite des greffes a été très satisfaisant et sur une souche comptant 5 rejets j’ai facilement obtenu 3 ou 4 pousses de pistachiers vrais.


et sur une souche comptant 5 rejets j’ai facilement obtenu 3 ou 4 pousses de pistachiers vrais.
En 2020 j’avais donc plusieurs pistachiers vrais qui se développaient dans la colline. La pousse du pistachier vrai est tellement vigoureuse que le porte greffe fait déjà beaucoup moins de rejets. Il est tout de même nécessaire de supprimer régulièrement les quelques rejets qui peuvent encore jaillir du porte greffe. Aucune autre action n’est nécessaire durant l’été.
 
En 2020 j’avais donc plusieurs pistachiers vrais qui se développaient dans la colline. La pousse du
 
pistachier vrai est tellement vigoureuse que le porte greffe fait déjà beaucoup moins de rejets. Il est
 
tout de même nécessaire de supprimer régulièrement les quelques rejets qui peuvent encore jaillir
 
du porte greffe. Aucune autre action n’est nécessaire durant l’été.


Au cours de l’hiver 2020-2021 j’ai écimé les pousses pour les faire ramifier.
Au cours de l’hiver 2020-2021 j’ai écimé les pousses pour les faire ramifier.


Au cours de l’hiver 2021-2022 j’ai taillé ces pieds mères pour leur faire produire abondamment des
Au cours de l’hiver 2021-2022 j’ai taillé ces pieds mères pour leur faire produire abondamment des ramifications. Les pousses ainsi obtenues en 2022 m’ont donc servi de greffons pour transformer mon champ de pistachiers térébinthes en jeune champ de pistachiers vrais.
 
ramifications. Les pousses ainsi obtenues en 2022 m’ont donc servi de greffons pour transformer
 
mon champ de pistachiers térébinthes en jeune champ de pistachiers vrais.
 
Attention, ces pieds mères ne sont pas transplantables. Ils servent uniquement de réservoir à
 
greffons.


Note : Il peut être judicieux d’installer une protection en grillage pour éviter que des chevreuils,
Attention, ces pieds mères ne sont pas transplantables. Ils servent uniquement de réservoir à greffons.


sangliers ou lièvres ne viennent s’y frotter.
Note : Il peut être judicieux d’installer une protection en grillage pour éviter que des chevreuils, sangliers ou lièvres ne viennent s’y frotter.
 
5.
 
- La greffe


=== 5. La greffe ===
C’est donc en 2022 à la fin du mois de juin que j’ai greffé mes pistachiers.
C’est donc en 2022 à la fin du mois de juin que j’ai greffé mes pistachiers.


Je procède par greffe à l’écusson (sans bois, uniquement l’écorce avec un bourgeon)
Je procède par greffe à l’écusson (sans bois, uniquement l’écorce avec un bourgeon)


Pour que la greffe pousse, il faut que l’arrière de l’œil soit plein. On incise environ un centimètre
Pour que la greffe pousse, il faut que l’arrière de l’œil soit plein. On incise environ un centimètre sous le pétiole en biais sur un tiers du diamètre du rameau puis on remonte la coupe verticalement pour arriver un bon centimètre au dessus de l’œil. Puis on incise à la verticale un centimètre au dessus du bourgeon. Cette incision verticale ne doit pas entamer le bois pour permettre de ne décoller facilement que l’écorce. (pour ceux qui ne l’ont jamais pratiqué, il vaut mieux s’exercer au préalable sur des branches d’autres arbres pour comprendre le geste avant de s’attaquer à la greffe de vos pistachiers.)
 
sous le pétiole en biais sur un tiers du diamètre du rameau puis on remonte la coupe verticalement
 
pour arriver un bon centimètre au dessus de l’œil. Puis on incise à la verticale un centimètre au


dessus du bourgeon. Cette incision verticale ne doit pas entamer le bois pour permettre de ne
Pour le prélèvement des greffons de pistachiers il faut être vigilant à ne prendre que des bourgeons à bois et non à fleurs.


décoller facilement que l’écorce. (pour ceux qui ne l’ont jamais pratiqué, il vaut mieux s’exercer au
ci contre à gauche, deux bourgeons à fleurs


préalable sur des branches d’autres arbres pour comprendre le geste avant de s’attaquer à la greffe
et à droite un bourgeon à bois


de vos pistachiers.)
Ici un greffon parfait, on voit bien la zone blanche au centre. Si à la place il y avait eu un creux alors le greffon aurait été inutilisable.


Pour le prélèvement des greffons de pistachiers il faut être vigilant à ne prendre que des bourgeons à
La procédure est simple mais l’ordre des étapes et la rapidité d’exécution permettent d’obtenir les meilleurs taux de réussite.


bois et non à fleurs
La première étape est d’identifier une zone libre inter-nœuds sur le porte-greffe où l’on placera notre greffon. Puis identifier le greffon que l’on souhaite y incruster.


ci contre à gauche, deux
Sur notre porte-greffe, on fait une incision en forme de T en ne tranchant que l’écorce ( 1.5 cm horizontale et 3 cm verticale sans décoller l’écorce pour le moment.)
 
< bourgeons à fleurs
 
et à droite un bourgeon à
 
bois >
 
Ici un greffon parfait, on voit bien la zone blanche
 
au centre. Si à la place il y avait eu un creux alors le
 
greffon aurait été inutilisable.
 
La procédure est simple mais l’ordre des étapes et la
 
rapidité d’exécution permettent d’obtenir les
 
meilleurs taux de réussite.
 
La première étape est d’identifier une zone libre inter-nœuds sur le porte-greffe où l’on placera
 
notre greffon. Puis identifier le greffon que l’on souhaite y incruster.
 
Sur notre porte-greffe, on fait une incision en forme de T en ne tranchant que l’écorce ( 1.5 cm
 
horizontale et 3 cm verticale sans décoller l’écorce pour le moment.


Ensuite on prélève notre greffon en s’assurant d’en obtenir un en bon état.
Ensuite on prélève notre greffon en s’assurant d’en obtenir un en bon état.


Rapidement on soulève l’écorce du porte greffe pour y glisser le greffon partie ronde en bas et la
Rapidement on soulève l’écorce du porte greffe pour y glisser le greffon partie ronde en bas et la coupe droite en haut coïncidant avec la coupe horizontale du T.
 
coupe droite en haut coïncidant avec la coupe horizontale du T.
 
Puis ligaturer avec du cellophane ou bien des bandes élastiques en serrant bien et sans recouvrir le


bourgeon. Attention, à la fin du mois de juin, les térébinthes sont encore en pleine croissance. Il
Puis ligaturer avec du cellophane ou bien des bandes élastiques en serrant bien et sans recouvrir le bourgeon. Attention, à la fin du mois de juin, les térébinthes sont encore en pleine croissance. Il faudra donc retirer les ligatures 10 à 15 jours après le greffage pour éviter un étranglement du à l’épaississement du porte-greffe.
 
faudra donc retirer les ligatures 10 à 15 jours après le greffage pour éviter un étranglement du à
 
l’épaississement du porte-greffe.


Certaines greffes poussent très rapidement et d’autres restent dormantes jusqu’au printemps suivant.
Certaines greffes poussent très rapidement et d’autres restent dormantes jusqu’au printemps suivant.


Ici une greffe fraîchement libérée de
Ici une greffe fraîchement libérée de sa ligature et qui commence à pousser.
 
sa ligature et qui commence à pousser.
 
Je recommande le tuteurage des
 
plants lorsque la greffe atteint une
 
cinquantaine de centimètres pour leur
 
conférer un tronc droit et éviter que la
 
pousse ne se couche ou casse avec le
 
vent.
 
6.


Entretien et taille
Je recommande le tuteurage des plants lorsque la greffe atteint une cinquantaine de centimètres pour leur conférer un tronc droit et éviter que la pousse ne se couche ou casse avec le vent.


=== 6. Entretien et taille ===
L’entretien d’un pistachier n’est pas très différent d’autres arbres fruitiers.
L’entretien d’un pistachier n’est pas très différent d’autres arbres fruitiers.


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Puis, par la suite la taille ne consiste plus qu’à enlever le bois mort et les branches qui se croisent.
Puis, par la suite la taille ne consiste plus qu’à enlever le bois mort et les branches qui se croisent.


7.
=== 7. En résumé ===
 
2018 : - récolte, nettoyage des semences de pistachier térébinthe en septembre puis stratification en septembre
En résumé
 
2018 : - récolte, nettoyage des semences de pistachier térébinthe en septembre puis stratification en
 
septembre


- recépage de pistachiers térébinthes sauvages en hiver
- recépage de pistachiers térébinthes sauvages en hiver
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2023 : - entretien des plants et regreffage sur les manqués de 2022
2023 : - entretien des plants et regreffage sur les manqués de 2022


Conclusion :
=== Conclusion : ===
 
Il m’aura donc fallu 5 ans pour établir un verger de 150 pieds de pistachiers en partant d’une poignée de graines de pistachier térébinthe. ( non productif à ce jour)
Il m’aura donc fallu 5 ans pour établir un verger de 150 pieds de pistachiers en partant d’une
 
poignée de graines de pistachier térébinthe. ( non productif à ce jour)


Manquant de recul sur la culture du pistachier en france, mon verger comporte actuellement une
Manquant de recul sur la culture du pistachier en france, mon verger comporte actuellement une trentaine de variétés (mâles et femelles confondus) pour étudier les correspondances de floraisons,
 
trentaine de variétés (mâles et femelles confondus) pour étudier les correspondances de floraisons,


les besoins en froid, les sensibilités aux atteintes fongiques et autres bonnes ou mauvaises surprises.
les besoins en froid, les sensibilités aux atteintes fongiques et autres bonnes ou mauvaises surprises.
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Voilà, y’a plus qu’à !...
Voilà, y’a plus qu’à !...


Remerciements
=== Remerciements ===
 
Pour mener à bien cette aventure autour de la pistache j’ai rencontré beaucoup de personnes à qui je dois pour certains de m’avoir apporté des pièces de ce puzzle ou tout simplement un soutient moral.
Pour mener à bien cette aventure autour de la pistache j’ai rencontré beaucoup de personnes à qui je
 
dois pour certains de m’avoir apporté des pièces de ce puzzle ou tout simplement un soutient moral.


Toutes ces contributions mises bout à bout, ont formé un champ de pistachier.
Toutes ces contributions mises bout à bout, ont formé un champ de pistachier.
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Je remercie donc :
Je remercie donc :


Mes parents, Le grand Michou, Jodie, Magalie, Robert, Lionel, Christine, Édouard, Kadri, Valeria,
Mes parents, Le grand Michou, Jodie, Magalie, Robert, Lionel, Christine, Édouard, Kadri, Valeria, Cyrian, Hussein, Gabrielle et aussi ma famille et mes amis pour leur enthousiasme.
 
Cyrian, Hussein, Gabrielle et aussi ma famille et mes amis pour leur enthousiasme.

Version du 2 mars 2024 à 15:14

Témoignage d’une autoproduction de plants de pistachiers vrais.

Châteauneuf de bordette - octobre 2023 - Joseph TOURRE

sommaire :

  1. Avant propos
  2. Généralités sur le pistachier
  3. Porte greffe
  4. Préparation de pieds mères
  5. La greffe
  6. Entretien et taille
  7. En résumé

1. Avant propos

Avant de démarrer le sujet principal de ce guide pratique, je dois souligner le fait qu’il est basé en très grande partie sur une expérience personnelle à titre de passionné. Mes connaissances agronomiques se limitant à celles d’un arboriculteur traditionnel, ce guide est un simple compte rendu sur la méthodologie que j’ai suivie pour produire les plants de pistachiers servant à l’implantation d’une parcelle de pistachiers sur ma ferme.

- Présentation personnelle :

Je vais tout d’abord me présenter rapidement. Mes parents étant arboriculteurs, j’ai grandi dans les champs d’abricotiers et d’oliviers. La ferme familiale se situe dans les collines de haute Provence, entre le mont Ventoux et le Vercors là où l’on peut trouver les derniers espaces de végétation méditerranéenne, entre les Alpes à l’Est et le Rhône à l’ouest. (c’est là que l’expérience que je vous rapporte a été conduite)

J’ai donc depuis mon enfance appris à greffer des abricotiers, tailler certains fruitiers, installer un verger, etc. . .

A l’adolescence, ne me destinant pas à entamer une carrière de paysan, j’ai passé un CAP de ferronnier d’art au lycée des métiers d’art à Uzès. J’ai pratiqué ce métier durant 7 ans avant de revenir travailler avec mes parents car la terre me manquait. Retour à la terre marqué par le projet obsédant de produire des pistaches.

- Pourquoi le pistachier ?

Cette envie de faire pousser des pistachiers est devenue une obsession en 2017, année durant laquelle j’ai du passer un diplôme agricole (BPREA). J’ai donc eu durant cette année tout le temps pour accumuler diverses connaissances théoriques sur le pistachier. Mais avant ça, l’idée du pistachier s’était immiscée dans ma tête bien des années plus tôt. En 2006 alors que je passais mon CAP à Uzes. Un ami (Michou) m’a un jour montré un arbre dans la garrigue abordant la ville.

- ``Tu vois cet arbre ? Je le trouve amusant et très intéressant, Il s’agit d’un pistachier térébinthe, peu de gens savent qu’il y a des pistachiers sauvages qui poussent de manière endémique en Provence. Et pourtant il y en a presque partout. Et regarde, les fruits sont de vraies pistaches mais tellement petites qu’il est impossible de les ouvrir sans tout écraser. C’est dommage, je mangerais bien des pistaches ramassées dans la garrigue . . .’’

Ayant à l’époque quelques connaissances et un peu de pratique sur la greffe des fruitiers, le fait d’apprendre l’existence d’un pistachier sauvage en Provence me laissait envisager qu’il pourrait être possible de s’en servir de porte greffe pour essayer de produire de vraies pistaches en France.

Cette idée est restée en dormance dans un coin de mon esprit n’attendant qu’un petit peu de terre pour germer et se développer.

- Situation et conditions de l’expérience menée :

Il faut considérer que les observations que je retranscris ici ont été menées sur un seul cycle de production (de la graine jusqu’au plant de pistachier vrai) entre septembre 2018 et septembre 2023.

Le lieu où tout cela a été conduit est la ferme familiale, dans le sud du département de la Drôme. Le climat y est de type méditerranéen avec des influences alpines, les étés y sont chauds : 50°C au soleil pour les maximum. Et les hivers marqués par des températures basses et des gels fréquents : une dizaine de degrés en journée et nuits entre 0°C et -7°C.

La pluviométrie annuelle est assez basse avec des périodes de sécheresse entre juin et septembre. La nature du sol est globalement : coteaux argilo-calcaire, pauvre et à forte proportion pierreuse. La végétation environnante et essentiellement méditerranéenne, pinède et garrigue.

2. Généralités sur le pistachier vrai

Avant de vouloir le multiplier et le cultiver, je pense qu’il est important de connaître quelque peu l’arbre en question.

Je ne traiterai pas ici des grandes notions de botanique sur les pistachiers car vous trouverez l’information complète sur Wikipédia ou autre encyclopédie,

Pour parler concrètement du pistachier vrai, il faut retenir ces quelques aspects généraux :

  • C’est un arbre pouvant atteindre 7 à 10 mètres de haut dans les conditions les plus favorables mais
  • ne dépasse généralement pas les 5 mètres de hauteur.
  • Il affectionne les sols drainants, calcaires à neutres et pas trop riches
  • Il aime les expositions très ensoleillées
  • Sa résistance au froid se situe entre -12 et -15°c
  • Il a besoin d’hivers froids, d’étés chauds et n’apprécie guère l’humidité ambiante pour s’épanouir correctement.
  • Ses feuilles larges et épaisses sont caduques.
  • Bien que feuillu, c’est un résineux.
  • Sa floraison qui a lieu entre avril et mai est anémophile, il n’est donc pas mellifère
  • Sa reproduction est dioïque, il vous faudra donc au moins un plant mâle et un plant femelle pour avoir des pistaches, En condition de culture en plein champ on compte généralement un plant mâle pour 8 plants femelles. ( le plant mâle ne portera jamais de fruits) Il est important d’associer des plants mâles et femelles dont les floraisons on lieu au même moment.
Ci dessous, à gauche : floraison d’un plant femelle et à droite : floraison d’un plant mâle

3. Le porte greffe

Comme je l’ai dit plus haut, c’est en découvrant le pistachier térébinthe que m’est venue l’idée de faire pousser des pistachiers vrais. C’est donc tout naturellement que je l’ai choisi comme porte greffe. Il est endémique en Provence, il pousse dans les zones très caillouteuses et résiste très bien au gel. Tels étaient les observations simples que je pouvais faire par moi même autour de chez moi.

La littérature m’a appris qu’il a fait parti pendant très longtemps des principaux porte-greffe utilisés pour la culture du pistachier. Aujourd’hui détrôné par un hybride américain, le UCB1, il reste tout de même toujours très utilisé. J’ai aussi appris que sa résistance au gel pouvait atteindre les -20°C.

Pour la production de mes plants de pistachiers, mon expérience commence donc en septembre 2018 par une cueillette de graines de pistachiers térébinthes. Les fruits récoltés doivent être dans la majorité des cas ceux de couleur,,, quelle est cette couleur ????? Voir photo ci dessous.

Bref, disons que les rouges sont vides et les autres « turquoises » sont pleines. Il n’est donc pas utile de récolter les rouges. Toutefois dans certaines zones, les baies sont toutes rouges et aléatoirement pleines ou vides, il faut alors les mettre dans de l’eau et ne garder que celles qui coulent.

Ensuite les baies doivent être débarrassées de leur pulpe. Pour ce faire il suffit lorsqu’elles sont encore fraîches, de les mettre dans un seau que l’on peut fermer d’un couvercle, d’y ajouter quelques petits cailloux anguleux et un peu d’eau. Refermer le seau et secouer quelques minutes. Récupérer les graines puis les rincer et faire sécher avant de stocker dans un endroit sec et à l’abri des mites.

En décembre il faut les mettre en stratification froide : Dans un pot (percé dans le fond) mettre une bonne épaisseur de sable humide puis les graines mélangées à du sable et recouvrir d’environ 5cm de sable. Laisser la strate dehors, éviter une exposition au soleil direct et maintenir humide.

Vers la mi-mars, récupérer les graines à l’aide d’un tamis. Les graines ouvertes sont prêtes à germer. C’est donc celles ci qu’il faudra semer.

Pour mon cas, fin mars 2019, j’ai semé mes graines dans des pots antichignons remplis avec de la terre du champ.

Le taux de levée a été d’environ 85 %.

Un mois après la levée j’y ai apporté quelques granulés d’engrais organique puis des arrosages hebdomadaires en période sèche.

Au printemps 2020 j’y ai fait un deuxième apport d’engrais organique à dose légèrement supérieure à la première année. Toujours arrosés de manière quasi hebdomadaire durant l’été.

Il est utile de préciser que durant les années de croissance, j’ai régulièrement supprimé toutes les pousses latérales pour n’avoir qu’une tige droite.

En janvier 2021 les plants de térébinthe ont étés plantés en plein champ. (dans le même temps j’ai planté 100 plants greffés achetés à un pépiniériste sicilien)

Le champ avait au préalable été décompacté et amendé en fumier composté à l’automne. Les trous de plantation réalisés à la bèche-fourche ne sont pas très gros, ils permettent de contenir la motte racinaire et de combler légèrement autour avec de la terre la plus légère trouvée sur place.

Une poignée d’engrais à la plantation et plus aucun apport ni en eau ni en engrais durant un an. Les seules actions menées durant cette première année en pleine terre auront été la taille des pousses latérales et le binage du pied accompagné d’un léger griffage du sol pour contenir l’enherbement sur l’inter-rang

Note : l’été 2021 ici a débuté avec une sécheresse très précoce. J’ai malgré tout persisté à ne pas arroser mes plants, ces derniers ont rapidement stoppé leur croissance mais je n’en ai perdu aucun.

Plant de pistachier térébinthe septembre 2021

En 2022 encore une poignée d’engrais organique au début du printemps, binage du pied, griffage de la parcelle et taille des pousses latérales.

Mes porte-greffe sont enfin prêts à recevoir leur greffon fin juin 2022. Soit un diamètre de la pousse de l’année égal ou supérieur à 8mm à la fin du mois de juin.

4. Préparation de pieds mères

En parallèle de la récolte et de la stratification des semences, dans le courant de l’hiver 2018-2019 j’ai recépé ( tronçonné à ras terre) des pistachiers térébinthes sauvages dans la colline avoisinante.

Au printemps 2019, lors de la reprise de végétation j’ai régulièrement retiré une bonne partie des rejets des souches de térébinthes pour n’en garder que 4 ou 5 (les plus vigoureux) par souche.

Dès la fin du mois de juin 2019 les rejets ont été greffables. J’ai donc procédé à des greffes en écusson sur ces rejets aux alentours du 20 juin. Le taux de réussite des greffes a été très satisfaisant et sur une souche comptant 5 rejets j’ai facilement obtenu 3 ou 4 pousses de pistachiers vrais.

En 2020 j’avais donc plusieurs pistachiers vrais qui se développaient dans la colline. La pousse du pistachier vrai est tellement vigoureuse que le porte greffe fait déjà beaucoup moins de rejets. Il est tout de même nécessaire de supprimer régulièrement les quelques rejets qui peuvent encore jaillir du porte greffe. Aucune autre action n’est nécessaire durant l’été.

Au cours de l’hiver 2020-2021 j’ai écimé les pousses pour les faire ramifier.

Au cours de l’hiver 2021-2022 j’ai taillé ces pieds mères pour leur faire produire abondamment des ramifications. Les pousses ainsi obtenues en 2022 m’ont donc servi de greffons pour transformer mon champ de pistachiers térébinthes en jeune champ de pistachiers vrais.

Attention, ces pieds mères ne sont pas transplantables. Ils servent uniquement de réservoir à greffons.

Note : Il peut être judicieux d’installer une protection en grillage pour éviter que des chevreuils, sangliers ou lièvres ne viennent s’y frotter.

5. La greffe

C’est donc en 2022 à la fin du mois de juin que j’ai greffé mes pistachiers.

Je procède par greffe à l’écusson (sans bois, uniquement l’écorce avec un bourgeon)

Pour que la greffe pousse, il faut que l’arrière de l’œil soit plein. On incise environ un centimètre sous le pétiole en biais sur un tiers du diamètre du rameau puis on remonte la coupe verticalement pour arriver un bon centimètre au dessus de l’œil. Puis on incise à la verticale un centimètre au dessus du bourgeon. Cette incision verticale ne doit pas entamer le bois pour permettre de ne décoller facilement que l’écorce. (pour ceux qui ne l’ont jamais pratiqué, il vaut mieux s’exercer au préalable sur des branches d’autres arbres pour comprendre le geste avant de s’attaquer à la greffe de vos pistachiers.)

Pour le prélèvement des greffons de pistachiers il faut être vigilant à ne prendre que des bourgeons à bois et non à fleurs.

ci contre à gauche, deux bourgeons à fleurs

et à droite un bourgeon à bois

Ici un greffon parfait, on voit bien la zone blanche au centre. Si à la place il y avait eu un creux alors le greffon aurait été inutilisable.

La procédure est simple mais l’ordre des étapes et la rapidité d’exécution permettent d’obtenir les meilleurs taux de réussite.

La première étape est d’identifier une zone libre inter-nœuds sur le porte-greffe où l’on placera notre greffon. Puis identifier le greffon que l’on souhaite y incruster.

Sur notre porte-greffe, on fait une incision en forme de T en ne tranchant que l’écorce ( 1.5 cm horizontale et 3 cm verticale sans décoller l’écorce pour le moment.)

Ensuite on prélève notre greffon en s’assurant d’en obtenir un en bon état.

Rapidement on soulève l’écorce du porte greffe pour y glisser le greffon partie ronde en bas et la coupe droite en haut coïncidant avec la coupe horizontale du T.

Puis ligaturer avec du cellophane ou bien des bandes élastiques en serrant bien et sans recouvrir le bourgeon. Attention, à la fin du mois de juin, les térébinthes sont encore en pleine croissance. Il faudra donc retirer les ligatures 10 à 15 jours après le greffage pour éviter un étranglement du à l’épaississement du porte-greffe.

Certaines greffes poussent très rapidement et d’autres restent dormantes jusqu’au printemps suivant.

Ici une greffe fraîchement libérée de sa ligature et qui commence à pousser.

Je recommande le tuteurage des plants lorsque la greffe atteint une cinquantaine de centimètres pour leur conférer un tronc droit et éviter que la pousse ne se couche ou casse avec le vent.

6. Entretien et taille

L’entretien d’un pistachier n’est pas très différent d’autres arbres fruitiers.

Il convient de lui apporter un peu d’engrais ou de fumier au moins un an sur deux.

Limiter l’enherbement à son pied et retirer les repousses du porte-greffe.

Effectuer une taille de formation classique durant les 5 premières années environ.

Puis, par la suite la taille ne consiste plus qu’à enlever le bois mort et les branches qui se croisent.

7. En résumé

2018 : - récolte, nettoyage des semences de pistachier térébinthe en septembre puis stratification en septembre

- recépage de pistachiers térébinthes sauvages en hiver

2019 : - semis en pots fin mars

- greffe sur rejets des sauvages recépés (pieds mères)

2020 : - entretien des semis en pots

- entretien des pieds mères

2021 : - plantation en plein champ des pistachiers térébinthes en janvier

- entretien et taille des pieds mères

2022 : -greffe en plein champ à l’écusson fin juin

2023 : - entretien des plants et regreffage sur les manqués de 2022

Conclusion :

Il m’aura donc fallu 5 ans pour établir un verger de 150 pieds de pistachiers en partant d’une poignée de graines de pistachier térébinthe. ( non productif à ce jour)

Manquant de recul sur la culture du pistachier en france, mon verger comporte actuellement une trentaine de variétés (mâles et femelles confondus) pour étudier les correspondances de floraisons,

les besoins en froid, les sensibilités aux atteintes fongiques et autres bonnes ou mauvaises surprises.

Sinon c’est pas compliqué !

Le plus difficile c’est de trouver des greffons pour commencer et du courage pour oser se lancer.

Voilà, y’a plus qu’à !...

Remerciements

Pour mener à bien cette aventure autour de la pistache j’ai rencontré beaucoup de personnes à qui je dois pour certains de m’avoir apporté des pièces de ce puzzle ou tout simplement un soutient moral.

Toutes ces contributions mises bout à bout, ont formé un champ de pistachier.

Je remercie donc :

Mes parents, Le grand Michou, Jodie, Magalie, Robert, Lionel, Christine, Édouard, Kadri, Valeria, Cyrian, Hussein, Gabrielle et aussi ma famille et mes amis pour leur enthousiasme.