Greffe en écusson des rosiers
La greffe en écusson des rosiers
Introduction
La greffe en écusson est une méthode de greffe qui se pratique lorsque le porte-greffe est bien en sève afin que son écorce se décolle bien. C’est une méthode de greffe végétale très employée car elle permet d’économiser le matériel végétal des greffons : en effet, elle ne requiert qu’un seul oeil.
Cette méthode est utilisée pour un peu toutes les dycotylédones : aussi bien les fruitiers, que les ornementales. Elle peut être à oeil poussant au printemps (l’oeil partira en végétation quelques semaines après la greffe), ou à oeil dormant à l’approche de l’été (l’oeil restera en dormance et ne partira qu’au printemps d’après).
Nous allons illustrer cette technique par la greffe en écusson oeil poussant du rosier, que l’on réalise en mai et juin.
Les portes-greffe du rosier
- Rosa canina L. (églantier commun) : il est utilisé en tant que porte-greffe pour les rosiers pleureurs, ainsi que les rosiers tige. Enracinement assez mauvais. A greffer assez tôt en raison d’une chute de sève précoce. A préconiser pour les sols calcaires.
- Rosa canina ‘inermis’ : pour buissons et grimpants. Bon enracinement. Bonne compatibilité. Période de possibilité de greffage longue. Sensible au froid. A préconiser en terrains acides. Intéressant aussi pour la culture en pots.
- Rosa canina ‘pfänders » : pour tiges et pleureurs, très grande vigueur, bon enracinement. Bonne résistance au froid. A préconiser pour les sols calcaires.
- Rosa canina ‘Schmid’s Ideal’ : pour tiges et pleureurs, vigoureux, bonne résistance au froid. A préconiser pour les sols calcaires.
- Rosa coriifolia var. froebelli (surnommé ‘Laxa’) : pour buissons et grimpants. Peu d’épines, vigoureux, bonne compatibilités avec les sols lourds et calcaires. Sensible à la secheresse. Résistant au froid.
- Rosa multiflora ‘inermis’ : pour buissons et grimpants. Pas d’épine, grand vigueur. Bonnes compatibilités au greffage. A préconiser pour les sols argileux.
Préparation du porte-greffe
Le porte-greffe a été régulièrement arrosé une à deux semaines avant l’opération.
On procède au nettoyage de la zone à greffer, en supprimant feuilles et éventuelles épines, et un coup de chiffon pour dépoussiérer :
On réalise une incision en forme de T dans le porte-greffe.
Dans un premier temps, une incision horizontale, sur environ le tiers de la circonférence :
(pour la profondeur de la coupe, le couteau est enfoncé jusqu’à ce qu’on sente butter contre la partie dure, le bois).
Puis une incision verticale, pour finir de dessiner la forme T. On ira très doucement lors de cette découpe verticale, car la lame a vite fait de dévier de la trajectoire. La longueur de cette incision verticale fera l’équivalent de deux à trois fois le diamètre du porte-greffe.
D’un coup de spatule de l’écussonoir, on décole l’écorce de la découpe. Cette dernière doit être parfaitement en sève, ne doit présenter aucune résistance, adhérence. Si ce n’est pas le cas, arrêtez-tout : les conditions nécessaires à la greffe en écusson ne sont pas réunies1 .
La découpe de l’écusson
On prend un rameau de la variété à multiplier, pousse de l’année. Ca peut être aussi bien une pousse prélevée sur le moment qu’un oeil récupéré sur un bouquet.
On remarque à l’aisselle des feuilles la présence d’un bourgeon. C’est autour de cet oeil que nous allons découper l’écusson.
On coupe la feuille, en laissant le pétiole.
Puis on fait une première incision a environ 10 à 15 mm en dessous de l’oeil :
En suite, on extrait l’écusson, en partant 10 à 15 mm au dessus de l’oeil, et en faisant « glisser » le long du rameau. (On rencontrera au niveau de l’oeil une résistance, qu’on passera en faisant osciller le couteau d’avant en arrière) :
Nous obtenons donc un prélèvement de matériel végétal doté d’un oeil, appelé écusson :
Au dos, nous remarquons que nous avons du bois laissé par la découpe :
A l’aide de la spatule du greffoir, nous décollons délicatement le bois sur le haut de l’écusson, que nous pinçons entre le pouce et la spatule, puis détachons d’un coup assez sec :
Le bois est ôté.
On peut voir l’arrière de l’oeil. Ce dernier ne doit pas être évidé (on ne voit pas un petit trou qui laisse percer le jour).
Pose de l’écusson
On décolle l’incision T à l’aide de la spatule du greffoir, pour commencer à insérer l’écusson dans l’encoche :
A l’aide de la spatule de l’écussonnoir, on fait descendre l’écusson dans l’encoche :
Une fois l’écusson enfoncé autant que possible, une partie va dépasser du T :
On découpe alors, de façon horizontale, cet excédent d’écusson qui dépasse :
Pour terminer, nous faisons pression avec nos pouces sur les volets du T pour essayer de ne pas laisser d’air entre l’écusson et le bois du porte-greffe.
Puis, toujours à l’aide des pouces, une pression vers le haut, de façon à bien plaquer la découpe haute de l’écusson avec le haut de l’entaille T (zone matérialisée par des points bleus sur la photo ci-dessous) :
On achève notre travail par une ligature, ici à la flexibande, en veillant de ne pas couvrir l’oeil :
Quand savoir si la greffe a pris?
Environ 15 jours après la greffe, un léger effleurement du bout des doigts sur le pétiole, doit faire tomber de façon sèche ce dernier, s’il n’est pas déjà tombé entre temps, en laissant place à un beau point d’accroche du pétiole bien vert et net.
Si le pétiole est au contraire noirci, adhérent, c’est signe d’échec.
Un exemple d’évolution de greffe en écusson de rosier
Ecusson de rosier en début mai, le pétiole est tombé :
Fin juin : départ à oeil poussant :
La ligature est lachée dès qu’un rameau de 5 cm au moins s’est formé.
On coupe nettement l’onglet au dessus du point de greffe, qu’on protège avec un cicatrisant ou mastic.
P.S.
- Le greffage du rosier exposé dans le cadre de cet article est une application pour amateurs. Les professionnels greffent au collet. La greffe sur collet permet d’éviter la formation de repousses du porte-greffe. De plus, comme le collet est sous terre avant greffage, l’écorce se décolle très facilement car l’humidité de la zone est très importante.
- Même si la greffe en écusson est traditionnellement pratiquée pour le rosier, tout un tas de techniques de greffes peuvent s’appliquer, telles les variantes de greffes asiatiques.
- vous pouvez alors essayer la méthode chip-budding
Références
Ce contenu est entièrement basé sur des informations tirées de greffer.net (archive), par Patrice, le 20 août 2007.